CONTEXTE HISTORIQUE ET POLITIQUE
En 1974, Mengistu Haile Mariam a mené une rébellion qui a renversé le régime monarchique de l'empereur Haile Selassie qui avait régné en Ethiopie pendant des décennies. Mengistu a gouverné pendant plus de dix-sept ans d'une manière répressive, perpétrant des abus graves des droits de l'homme sous un régime de style marxiste qui ne tolérait ni dissidence ni opposition. Ceci a entraŒné la factionalisation du pays et une guerre civile prolongée.
En mai 1991, des rebelles dirigés par le Front Révolutionnaire Démocratique du Peuple Ethiopien (EPRDF) ont renversé le régime Mengistu. L'EPRDF, dirigé par Meles Zenawi et plusieurs autres coalitions de rebelles y compris le Front de Libération Oromo (OLF) et le Front Populaire de Libération Tigrayan (TPLF), ont établi un gouvernement de coalition connu comme le Gouvernement transitoire de l'Ethiopie.
L'Ethiopie comprend plus d'une soixantaine d'ethnies. Le Conseil Transitoire ou Parlement est composé de plus d'une trentaine partis politiques dont la plupart sont basés sur les ethnies. Le pays est divisé en quatorze régions ethniques autonomes; chaque région a sa propre police locale. Les Oromos, l'ethnie la plus nombreuse, sont organisés autour d'un parti politique, l'OLF, qui a boycotté les élections régionales en juin 1992 pour protester contre une prétendue subversion de la part de l'EPRDF et le trucage du scrutin, abandonnant ainsi ses douze sièges au conseil composé de quatre-vingts-sept membres.
Une nouvelle constitution nationale est en préparation et les élections d'abord fixées pour janvier 1994 ont été remises à plus tard. Les conflits ethniques abondent. Les Amharas, composés surtout d'élites habitant Addis Abeba, se voient comme perdants sous la domination actuelle de la politique par l'EPRDF, et contestent le gouvernement de Zenawi.
Les conditions de vie sont mauvaises, les salaires sont bas et le taux de chômage est élevé. Par conséquent, la prostitution s'est répandue et les enfants abandonnés dans la rue constituent un problème inquiétant.
Bien que le respect pour les droits de l'homme soit garanti par la Charte du gouvernement transitoire, les abus des droits de l'homme sont courants. La torture de suspects en garde à vue par la police et le refus d'accorder des permis pour les manifestations sont censés être parmi les problèmes liés aux droits de l'homme en Ethiopie à l'heure actuelle. On remet en question l'indépendance du système judiciaire. Pourtant, la presse, qui jouit d'une liberté relative, est peu entravée par le gouvernement.
LA SITUATION DES ORGANISATIONS DES DROITS DE L'HOMME
Depuis la chute de Mengistu Haile Mariam, les organisations des droits de l'homme commencent à apparaŒtre. Par suite de l'établissement de l'Ethiopian Human Rights Council (Conseil éthiopien des Droits de l'Homme) (EHRCO) en 1991, de nouveaux groupes sont nés, y compris le Human Rights and Peace Center (l'Université d'Addis Abeba), A-Bu-Gi-Da, le Centre for Human Rights and Democracy, Forum-84, le Inter-Africa Group, et l'Anti-Red Terror Committee.
L'EHRCO est le groupe principal des droits de l'homme et la seule organisation qui met l'accent sur le contrôle du respect des droits de l'homme. Les autres organisations s'occupent du civisme et de l'éducation sur les droits de l'homme. Plusieurs groupes n'ont pas de point de concentration. Il y a très peu de coordination ou de coopération, et des rivalités intenses existent souvent entre les groupes.
BESOINS
Parmi les besoins des organisations des droits de l'homme dans le pays:
i. L'équipement de bureau, ordinateurs, machines à écrire, photocopieuses, télécopieurs, livres et matériels juridique, etc. ii. Le personnel: La plupart des effectifs des groupes éthiopiens des droits de l'homme ont re‡u très peu de formation dans les droits de l'homme et comptent sur leur bon sens et leurs connaissances générales. La formation de ce personnel serait un apport important au développement du centre et à la mise au point des activités de ces groupes. Le personnel doit être formé dans les domaines suivants: la rédaction des rapports, les techniques de défense des droits, l'application des normes internationaux, des chartes et des procédures, la documentation, l'opération des ordinateurs, les stratégies de pression politique, la gestion interne et les techniques d'administration, et les techniques liées à la collecte de fonds.
A-Bu-Gi-Da-Ethiopian Congress for Democracy (A-Bu-Gi-Da-L'Assemblée Ethiopienne pour la Démocratie)
Histoire
L'A-Bu-Gi-Da, un mot vernaculaire qui signifie la deuxième étape dans la récitation de l'alphabet soit un début dans la lutte pour la démocratie, a été fondé en juin 1991 par Abraham Abebe, un consultant et expert de gestion qui avait été congédié d'un centre de gestion du gouvernement pour ces opinions. L'A-Bu-Gi-Da, connu aussi comme la Ethiopian Congress for Democracy, a été établi pour l'éducation civique fondamentale de la population et la communication de techniques d'animation aux jeunes. L'A-Bu-Gi-Da per‡oit des droits minimums pour ces cours. Tout récemment il a commencé à proposer des cours de démocratie et de civisme.
Structure
Le Président d'A-Bu-Gi-Da est Abraham Abebe. Il travaille avec un Coordinateur de programmes, deux secrétaires et trois effectifs non rémunérés. Un Conseil de cinq membres établit les lignes directrices pour le groupe.
Programme
L'A-Bu-Gi-Da organise des programmes sur l'animation des groupes et la démocratie qui visent à promouvoir une culture démocratique. Selon le Président d'A-Bu-Gi-Da, l'objectif de l'organisation est d'aider les individus, les entrepreneurs et ceux qui travaillent dans l'administration publique à créer un climat démocratique, en les amenant à prendre conscience qu'une organisation peut fonctionner au mieux si elle est gouvernée par une doctrine démocratique mise en oeuvre par un dirigeant à l'esprit démocratique.
L'A-Bu-Gi-Da a conduit sept cours de deux semaines sur la direction des groupes et la démocratie, et à peu près 500 personnes ont terminé ces cours jusqu'à présent. Les objectifs des cours sont les suivants: communiquer des valeurs démocratiques aux participants, faire connaŒtre aux participants les valeurs et les pratiques liés aux droits de l'homme à l'échelle internationale, et enseigner des techniques pour l'animation des groupes. Les thèmes des cours comprennent les droits de l'homme et la démocratie ainsi que la théorie et la pratique de l'animation des groupes. Le composant qui vise à développer des animateurs approfondit les notions sur les fonctions d'un dirigeant, la psychologie des groupes et le rôle du responsable, la prise de décisions, la communication, la délégation de responsabilités, l'évaluation, la résolution de conflits, la conduite de réunions, la gestion des changements, l'influence et le pouvoir, le travail en équipe, la gestion des ressources et des finances.
Ad-Hoc Committee on Peace (Comité Provisoire sur la Paix)
Histoire
L'Ad-Hoc Committee on Peace a été établi au début de février 1991 pour arbitrer les affrontements et les conflits ethniques en Ethiopie.
Structure
Le Committee a un Conseil d'administration composé de cinq membres pour fixer les orientations générales. Trois membres de ce Conseil résident aux Etats-Unis. Deux cadres et deux secrétaires s'occupent des opérations quotidiennes de l'organisation. Le Committee a fait une demande au Département de Sécurité Publique pour s'enregistrer.
Programme
Le Committee a réalisé quatre journées d'études sur la paix jusqu'à présent. Le cinquième journée d'étude est prévue pour janvier 1994. Les journées d'étude visent à explorer les méthodes pacifiques pour la résolution de conflits.
Anti-Red Terror Committee (Comité d'Enquête sur la Terreur Rouge)
Histoire
L'Anti-Red Terror Committee a été établi en 1991 comme organisation non-gouvernementale pour représenter les victimes et les familles des victimes de la torture et des abus des droits de l'homme perpétrées par la Terreur Rouge sous le régime du dictateur déposé Mengistu Haile Mariam. Le gouvernement de Mengistu avait lancé la Terreur pour purger les membres de l'opposition, à savoir du Parti Populaire Révolutionnaire Ethiopienne (EPRP).
Structure Le Committee travaille sous les auspices du Bureau du Procureur Spécial et cherche à seconder les efforts du Procureur Spécial à traduire en justice les anciens fonctionnaires qui ont pris part à la campagne de la Terreur Rouge. Le Committee est inscrit au bureau du Premier Ministre et auprès du Ministère de l'Intérieur. Ses 21 membres travaillent sans rémunération. Le Committee a un conseil exécutif de sept personnes élues par les membres pour un mandat de deux ans.
Programme
L'activité principale du Committee est la collection de renseignements sur les abus perpétrées pendant le régime de Mengistu et l'acheminement de ces renseignements au Bureau du Procureur Spécial. Le Committee estime que presque 54.000 personnes ont été tuées à Addis Abeba au cours de la campagne de la Terreur Rouge. Le Committee travaille à faire ériger un monument ou un musée à la mémoire des victimes de la Terreur Rouge. En outre, le Committee mène une campagne pour indemniser les victimes de la Terreur Rouge . Le Comitttee aide aussi à dédommager les survivants de leurs pertes matérielles et pour payer leurs soins médicaux, en plus de les aider à récupérer leurs propriétés, y compris voitures et maisons, saisies par la campagne de la Terreur Rouge.
Centre For Human Rights and Democracy (Centre pour les Droits de l'Homme et la Démocratie)
Histoire
Fondé en 1992, le Centre for Human Rights and Democracy documente les abus des droits de l'homme qui ont été perpétrés sous le régime de Mengistu Haile Mariam. Il travaille étroitement avec l'Anti-Red Terror Committee pour recueillir des renseignements à l'intention du Bureau du Procureur Spécial.
Structure
Le Centre a été établi par l'Ethiopian Community Development Council (ECDC) basé aux Etats-Unis d'Amérique. Il a actuellement un Enquêteur à mi-temps, M. Fantahone, ainsi qu'un Secrétaire à temps plein, et a un bureau indépendant.
Ethiopian Human Rights Council(Conseil Ethiopien des Droits de l'Homme) (EHRCO)
Histoire
L'Ethiopian Human Rights Council (EHRCO) a été établi en 1991 pour promouvoir la démocratie, les droits de l'homme et l'état de droit en Ethiopie. Depuis son établissement, l'EHRCO participe au contrôle des abus des droits de l'homme et propose des services juridiques.
Structure
L'EHRCO est une organisation gouvernée par ses membres, qui sont actuellement environ 200. Ces membres composent l'Assemblée Générale de l'organisation. L'Assemblée Générale élit un Comité Exécutif composé de sept membres qui ont un mandat de deux ans. Actuellement le comité a un Secrétaire Général et un Enquêteur, tous les deux avocats. Il y a aussi trois effectifs à temps plein: un comptable, un secrétaire et un employé de bureau. Le bureau de l'EHRCO est situé dans une grande pièce du centre d'Addis Abeba.
Programme
L'EHRCO a rédigé cinq rapports jusqu'à présent sur les abus des droits de l'homme en Ethiopie. Son cinquième rapport sur la situation des droits de l'homme en Ethiopie suit de près la conformité du gouvernement aux normes internationales sur les droits de l'homme. Le rapport cite des exemples de meurtres extrajudiciaires, des tortures, des disparitions, des détentions illégales et d'autres violations des droits de l'homme par le gouvernement éthiopien. L'EHRCO offre des consultations juridiques aux victimes d'abus des droits de l'homme, enregistre des plaintes relatives aux abus des droits de l'homme et intervient administrativement pour demander réparation. Il considère actuellement l'éventualité de pourvois en justice pour demander réparation pour les abus des droits de l'homme. En plus, le Conseil prévoit la publication d'un bulletin d'informations.
Forum-84
Histoire
Le Forum-84 a été établi en 1991 pour promouvoir une prise de conscience à l'égard des droits de l'homme et pour mener une campagne d'instruction civique et électorale.
Structure
Le Forum-84 est inscrit auprès du Conseil de Représentants. Il a environ 200 membres qui élisent le Comité Exécutif de 13 membres qui dirige l'organisation. Le Président, Teshome Asrat, dirige le Comité Exécutif. Un secrétaire à temps plein gère le bureau.
Programme
Le Forum-84 organise des discussions publiques sur des problèmes actuels. On tient ces discussions dans des endroits publics o— des experts sont invités â répondre aux questions posées par le public. La plupart du temps ces discussions sont télévisées. Les thèmes de discussion focalisent sur les droits de l'homme et le gouvernement. L'organisation participe au contrôle des élections et a participé au contrôle du référendum sur l'indépendance de l'Erytrée.
Human Rights and Peace Center Université d'Addis Abeba (Centre de Droits de l'Homme et la Paix)
Histoire
Le Human Rights and Peace Center à l'Université d'Addis Abeba a été établi en 1991, 10 ans après que l'idée avait été proposée pour la première fois par Dr. Fasil Nahim, ancien professeur de droit à l'Université et actuellement Ministre du cabinet du Premier Ministre du Gouvernement transitoire de l'Ethiopie.
Structure
Le Directeur du Centre est Ibrahim Idris, doyen de la Faculté de Droit. Daniel Wuobishete, un avocat, est le Directeur des Programmes et le seul employé à temps plein du Centre. Son bureau est situé dans l'école de droit à l'Université d'Addis Abeba. Il n'y a aucun Conseil d'administration, mais on prévoit d'en organiser un. Le Centre a été établi par une Charte et est affilié à l'université.
Programme
Les objectifs du Centre visent la promotion des droits de l'homme par:
- l'enseignement sur le droit international relatif aux droits de l'homme et la législation humanitaire internationale; - la préparation de matériel didactique, de manuels et de publications sur des droits de l'homme et la législation humanitaire; - la formation du personnel moyennant des séminaires, des congrès, des ateliers; - la collection et le classement de livres et de documents sur les droits de l'homme, et l'expansion de la bibliothèque de la Faculté de Droit.
Le 19 et le 20 août 1993, le Centre a organisé un atelier pour les juges de la cour supérieure sur le système judiciaire en Ethiopie. Au Centre de la Croix Rouge à Addis Abeba, un grand nombre de juges et d'avocats ont assisté à la séance.
Une autre séance pour les professeurs des écoles secondaires est prévue pour le 30 et le 31 décembre 1993. L'objectif sera de développer un programme pour l'enseignement du civisme dans les écoles secondaires. Le Centre encourage aussi les recherches sur droits de l'homme et la publication de ces recherches dans le bulletin de la Faculté de Droit. Le Centre a établi une collection de publications sur les droits de l'homme dans la bibliothèque de la Faculté de Droit. C'est une petite collection surtout de publications des Nations Unies sur les droits de l'homme.
Inter-Africa Group Center for Dialogue on Humanitarian Peace and Development Issues in the Horn of Africa (Groupe Interafricain-Centre de Dialogue sur les Questions Humanitaires liées au Développement et à la Paix dans la Corne d'Afrique)
Histoire
L'Inter-Africa Group est une organisation régionale travaillant sur les pays de la Corne d'Afrique, à savoir, l'Ethiopie, l'Erytrée, le Soudan, la Somalie et le Djibouti. Il a été établi en 1991 pour fournir une aide humanitaire et sociale aux victimes de guerre et de violence civile dans la région.
Structure
Le Group a environ dix effectifs, dont quatre sont des cadres. Le Directeur Exécutif du Groupe est Abdul Mohammed; un employé à mi-temps, Jalal Abdel Latif, est le Directeur de Programmes. Il y a aussi une chargée de la formation des femmes qui travaille à temps plein.
Le Group est enregistré comme un groupe d'instruction civique auprès du Ministère des Affaires étrangères.
Programme
Depuis son établissement, le Group travaille pour sensibiliser le public sur les problèmes de la démocratie et des droits de l'homme par des réunions publiques et des séminaires à l'intention du grand public. Le Group réalise aussi des émissions de radio pour le public sur les problèmes humanitaires. Le Group a participé au contrôle des élections législatives de juin 1992 qui ont eu lieu en Ethiopie.
- Clement Nwankwo
Home || Treaties || Search || Links