Observations finales du Comité contre la Torture, Égypte, U.N. Doc. A/54/44, paras. 197-216 (1999).
Convention Abbreviation: CAT
COMITÉ CONTRE LA TORTURE
Vingt-deuxième session
26 avril-14 mai 1999
EXAMEN DES RAPPORTS PRESENTES PAR LES ETATS PARTIES EN APPLICATION DE L'ARTICLE
19 DE LA CONVENTION
Observations finales du Comité contre la Torture
Égypte
Le Comité a examiné le troisième rapport périodique de l'Égypte (CAT/C/34/Add.11)
à ses 382e, 385e et 389e séances, tenues les 7, 10 et 12 mai 1999 (CAT/C/SR/382,
385 et 389), et a adopté les conclusions et recommandations suivantes :
1. Introduction
Le Comité accueille avec satisfaction le troisième rapport périodique de l'Égypte,
présenté avec un retard d'environ deux ans et demi mais, d'une manière générale,
conformément aux directives concernant la présentation d'un tel rapport. Le
Comité accueille aussi avec satisfaction la présentation de ce rapport faite
oralement par la délégation égyptienne.
2. Aspects positifs
La libération d'un grand nombre de personnes détenues en vertu de la loi de
1958 sur l'état d'urgence.
La diminution du nombre de plaintes pour mauvais traitements déposées par des
personnes détenues en vertu de la loi de 1958 sur l'état d'urgence.
L'ambitieux programme d'alphabétisation et d'enseignement lancé par le Gouvernement
égyptien.
La création, dans le cadre du parquet général, du Bureau des droits de l'homme
chargé d'enquêter sur les plaintes pour torture, notamment.
Le Comité a été heureux d'apprendre que des améliorations qualitatives avaient
été apportées à certaines prisons égyptiennes.
Le Comité a aussi été heureux d'apprendre que des «centaines» de victimes de
tortures avaient été indemnisées par les tribunaux civils égyptiens.
Le Comité trouve encourageant le dialogue approfondi qu'il a eu avec la délégation
égyptienne.
3. Facteurs et difficultés entravant l'application des dispositions de la
Convention
L'état d'urgence actuellement en vigueur comme suite à la menace persistante
du terrorisme semble avoir créé une culture de violence parmi certains éléments
de la police et des forces de sécurité. La menace terroriste ne peut bien entendu
être invoquée comme justification de violations des dispositions de la Convention,
en particulier des articles premier, 2 et 16.
4. Sujets de préoccupation
Le grand nombre d'allégations de torture et même de décès de détenus faites
tant à l'encontre de la police que des services de renseignements de la Sûreté
d'État.
Malgré les améliorations apportées par le Gouvernement, les conditions de détention
dans certaines prisons d'Égypte.
Le traitement qui, selon les allégations de l'Organisation mondiale contre la
torture, serait réservé aux détenues, tant par la police que par les services
de renseignements de la Sûreté d'État, allant parfois jusqu'à des sévices sexuels
ou à la menace de sévices sexuels en vue d'obtenir des informations sur leurs
époux ou d'autres membres de leur famille.
Le Comité est gravement préoccupé par les allégations selon lesquelles des personnes
ont été détenues par la police ou les services de renseignements de la Sûreté
d'État en contravention des ordonnances de levée d'écrou délivrées par les tribunaux.
5. Recommandations
Le Comité recommande à l'Égypte de prendre des mesures efficaces pour prévenir
la torture de personnes détenues par la police et les services de renseignements
de la Sûreté d'État et de poursuivre énergiquement tous les auteurs de tels
actes.
Il lui recommande aussi de prendre des mesures efficaces pour empêcher que les
femmes ne soient soumises à des menaces de sévices sexuels de la part de la
police et des agents de renseignements de la Sûreté d'État en vue de leur arracher
des informations.
Il recommande en outre qu'un registre approprié des personnes détenues tant
par la police que par les services de renseignements de la Sûreté d'État, accessible
au public, soit établi et maintenu.
Le Comité encourage le Gouvernement égyptien à poursuivre sa politique d'amélioration
des établissements pénitentiaires.
Le Gouvernement égyptien devrait fournir par écrit au Comité des informations
concernant le nombre et les circonstances des décès en garde à vue survenus
dans les cinq dernières années.
Le Comité invite instamment l'Égypte à envisager de faire une déclaration en
faveur des articles 21 et 22 de la Convention.