Observations finales du Comité contre la Torture, Pays-Bas, U.N. Doc. A/50/44, paras. 116-131 (1995).
Convention Abbreviation: CAT
COMITÉ CONTRE LA TORTURE
EXAMEN DES RAPPORTS PRÉSENTÉS PAR LES ÉTATS PARTIES
EN APPLICATION DE L'ARTICLE 19 DE LA CONVENTION
Conclusions et recommandations du Comité contre la torture
Pays-Bas
116. Le Comité a examiné le deuxième rapport périodique des Pays-Bas (CAT/C/25/Add.1,
2 et 5) à ses 210e et 211e séances, le 25 avril 1995 (CAT/C/SR.210 et 211),
et a adopté les conclusions et recommandations suivantes :
A. Introduction
117. Le Royaume des Pays-Bas a soumis ses trois rapports, portant sur la partie
européenne du Royaume, sur les Antilles et sur Aruba, en partie dans les délais
prescrits.
118. Le Comité remercie les trois administrations de leurs rapports détaillés.
Ces rapports n'étaient pas accompagnés du document de base, qui aurait donné
des renseignements de caractère général sur l'État partie, comme il est demandé
dans les directives du Comité (CAT/C/14); à cette réserve près, ils satisfaisaient
à toutes les prescriptions en matière de présentation de rapports.
119. Le Comité a écouté avec intérêt les exposés faits oralement et les précisions
apportées par les représentants des trois parties du Royaume.
120. Le Comité tient à remercier la délégation de ses rapports et de l'esprit
d'ouverture et de coopération dans lequel le dialogue a été mené.
B. Aspects positifs
121. Le Comité note avec satisfaction qu'il n'a reçu aucune plainte faisant
état d'acte de torture qui se serait produit dans l'une quelconque des trois
parties du Royaume.
122. Le Comité note également que les Antilles et Aruba ont entrepris l'élaboration
de lois spéciales en vue d'incorporer pleinement les dispositions de la Convention
à la législation nationale.
123. Le Comité note aussi avec satisfaction que, d'après les renseignements
donnés oralement, la coercition — contrainte physique ou administration de substances
médicamenteuses — n'est plus utilisée lors de l'expulsion des demandeurs d'asile.
C. Sujets de préoccupation
124. En ce qui concerne la partie européenne du Royaume des Pays-Bas, le Comité
s'interroge sur la façon dont les dispositions relatives à l'indemnisation sont
appliquées dans la pratique.
125. En ce qui concerne les Antilles néerlandaises et Aruba, le Comité s'inquiète
de ce qu'il semble que la nouvelle législation pénale ne soit pas encore en
vigueur, ce qui ne permet pas d'avoir la certitude que les dispositions de la
Convention font partie du droit interne.
126. Pour ce qui est plus précisément des Antilles néerlandaises, le Comité
est préoccupé par la gravité des cas de brutalités policières et par le nombre
relativement élevé de cas rapportés dans le rapport du gouvernement ainsi que
dans les renseignements fournis par des organisations non gouvernementales.
Le Comité s'inquiète particulièrement de ce que les autorités des Antilles néerlandaises
ne semblent pas mener les enquêtes voulues et donner suite comme il convient
à ces cas.
127. Pour ce qui est plus précisément d'Aruba, le Comité constate que les conditions
dans les centres de détention sont loin d'être satisfaisantes et note que le
gouvernement a reconnu avoir conscience de la situation.
D. Recommandations
128. Les autorités des Antilles néerlandaises et d'Aruba devraient s'attacher
en priorité à accélérer la procédure d'adoption de la loi par laquelle les dispositions
de la Convention seront incorporées à la législation interne.
129. Les Antilles néerlandaises devraient prendre des mesures énergiques pour
obtenir qu'il soit mis fin aux mauvais traitements qui se produisent dans les
postes de police et pour veiller à ce que des enquêtes soient ouvertes rapidement
et efficacement quand de tels cas sont rapportés et à ce que quiconque est reconnu
coupable d'actes de mauvais traitements soit traduit en justice. À cet égard,
le Comité souhaiterait recevoir des données relatives au nombre d'enquêtes ouvertes
par le Ministère public et en connaître les résultats.
130. Aruba devrait prendre des mesures pour améliorer les conditions dans les
locaux de la police et les installations pénitentiaires, et devrait prévoir
d'écourter la durée de la garde à vue (10 jours) autorisée par la loi.
131. Enfin, le Comité se félicite de ce que les Pays-Bas aient proposé de fournir
par écrit des renseignements supplémentaires en réponse aux questions portant
sur l'indemnisation des victimes de la torture. Il souhaiterait également que
l'État partie précise si le Ministère public a ouvert une enquête en vue d'engager
des poursuites à l'encontre du général Pinochet lorsque celui-ci se trouvait
sur le territoire des Pays-Bas et par conséquent sous sa juridiction. Dans l'affirmative,
le Comité souhaiterait savoir sur quels motifs l'enquête a été fondée.