Le rôle des institutions nationales des droits de l'homme dans la protection
des droits économiques, sociaux et culturels *
1. En vertu du paragraphe 1 de l'article 2 du Pacte, chacun des États parties
est tenu d'"agir ... en vue d'assurer progressivement le plein exercice
des droits [reconnus dans le Pacte] par tous les moyens appropriés".
Le Comité constate que l'un des moyens par lesquels des mesures importantes
peuvent être prises consiste à faire appel aux institutions nationales qui
oeuvrent pour la promotion et la protection des droits de l'homme. Ces dernières
années, ces institutions ont proliféré et cette évolution a été vivement encouragée
par l'Assemblée générale et par la Commission des droits de l'homme. Le HautCommissariat
aux droits de l'homme a mis sur pied un programme de grande envergure pour
aider et encourager les États dans leur action visàvis des institutions
nationales.
2. Ces institutions englobent les commissions nationales des droits de l'homme,
les bureaux des médiateurs, les défenseurs de l'intérêt général et les militants
des droits de l'homme ainsi que les défenseurs du peuple et les
défensores
del pueblo. Dans de nombreux cas, l'institution a été créée par le gouvernement,
elle jouit d'un degré important d'autonomie par rapport à l'exécutif et au
législatif, elle tient pleinement compte des normes internationales relatives
aux droits de l'homme qui s'appliquent au pays considéré et elle est chargée
d'accomplir des activités diverses dans le domaine de la promotion et de la
protection des droits de l'homme. Des institutions de ce type ont été créées
dans des États ayant des cultures juridiques très différentes, quelle que
soit leur situation économique.
3. Le Comité note que les institutions nationales pourraient jouer un rôle
capital pour ce qui est de promouvoir et de garantir l'indivisibilité et l'interdépendance
de tous les droits de l'homme. Trop souvent malheureusement, ce rôle ne leur
a pas été accordé, ou alors elles s'en sont désintéressées ou l'ont jugé non
prioritaire. Il importe par conséquent au plus haut point qu'elles accordent
une attention pleine et entière aux droits économiques, sociaux et culturels
dans le cadre de toutes leurs activités. L'énumération ciaprès donne une
indication du type d'activités qui peuvent être et qui, dans certains cas,
ont déjà été entreprises par les institutions nationales en ce qui concerne
ces droits :
a) Promotion de programmes en matière d'éducation et d'information visant
à favoriser une meilleure prise de conscience et une plus grande compréhension
des droits économiques, sociaux et culturels au sein de la population dans
son ensemble et auprès de groupes particuliers comme la fonction publique,
le pouvoir judiciaire, le secteur privé et le mouvement ouvrier;
b) Examen minutieux des lois et instruments administratifs existants ainsi
que des projets de loi et autres propositions pour vérifier qu'ils sont conformes
aux dispositions du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux
et culturels;
c) Apport de conseils techniques ou réalisation d'études touchant les droits
économiques, sociaux et culturels, y compris à la demande des pouvoirs publics
ou d'autres organismes concernés;
d) Identification de repères au niveau national par rapport auxquels évaluer
l'exécution des obligations découlant du Pacte;
e) Réalisation de recherches et d'enquêtes pour déterminer dans quelle mesure
tel ou tel droit économique, social ou culturel est mis en oeuvre, que ce
soit au sein de l'État dans son ensemble ou dans des domaines ou par rapport
à des communautés particulièrement vulnérables;
f) Contrôle du respect des droits spécifiques reconnus dans le Pacte et établissement
de rapports à ce sujet à l'intention des pouvoirs publics et de la société
civile; et
g) Examen des plaintes faisant état d'atteintes aux normes relatives aux droits
économiques, sociaux et culturels applicables au sein de l'État.
4. Le Comité demande aux États parties de faire en sorte que, dans les mandats
confiés aux institutions nationales des droits de l'homme, l'attention voulue
soit accordée aux droits économiques, sociaux et culturels et les prie de
décrire de manière détaillée, dans les rapports qu'ils présentent au Comité,
les mandats mais aussi les principales activités de ces institutions.
*/ Observation adoptée à la 51ème séance (dixneuvième
session), le 1er décembre 1998.