Communication No 563/1993
Présentée par : Federico Andreu (représentant la famille de Mme
Nydia Erika Bautista de Arellana)
Au nom de : Mme Nydia Erika Bautista de Arellana
Etat partie : Colombie
Date de la communication : 14 juin 1993 (date de la lettre initiale)
Le Comité des droits de l'homme, institué conformément à l'article
28 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques,
Réuni le 27 octobre 1995,
Ayant achevé l'examen de la communication No 563/1993, présentée
au Comité des droits de l'homme par M. Federico Andreu, représentant la
famille de Mme Nydia Erika Bautista de Arellana en vertu du Protocole
facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils
et politiques,
Ayant tenu compte de toutes les informations écrites qui lui
ont été communiquées par l'auteur de la communication et l'Etat partie,
Adopte les constatations suivantes au titre du paragraphe 4 de
l'article 5 du Protocole facultatif.
1. L'auteur de la communication est Federico Andreu, avocat colombien
résidant à Bruxelles. Il soumet la communication au nom de la famille
de Nydia Erika Bautista de Arellana, citoyenne colombienne qui a disparu
le 30 août 1987 et dont le corps a ensuite été retrouvé. Celle-ci serait
victime de violations, par la Colombie, des droits qui lui sont reconnus
aux articles 2, paragraphe 3; 6, paragraphe 1; 7 et 14 du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques.
Rappel des faits présentés par l'auteur
2.1 Le 25 août 1986, Nydia Erika Bautista de Arellana, membre du Mouvement
du 19 avril (M-19) a été placée en détention à Cali (Colombie) par une
unité militaire de la troisième brigade. Elle a été détenue au secret
pendant trois semaines, au cours desquelles elle aurait été torturée.
Après avoir signé une déclaration disant qu'elle avait été bien traitée
pendant sa détention, elle a été libérée. Il est fait référence à ce propos
à des cas de disparition forcée d'activistes du Mouvement M-19 qui se
sont produits avant et après l'arrestation de Nydia Bautista.
2.2 Le 30 août 1987, Nydia Bautista a été enlevée au domicile de sa famille
à Bogota; selon des témoins oculaires, elle a été entraînée dans une jeep
par huit hommes, qui étaient armés mais habillés en civil. L'un de ces
témoins a identifié la plaque d'immatriculation de la jeep.
2.3 L'enlèvement de Nydia Bautista a été immédiatement signalé aux autorités
par le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques. Le 3 septembre
1987, son père a porté plainte devant les Services du procureur délégué
aux droits de l'homme (la Procudaría Delegada para los Derechos Humanos).
Avec le directeur de ces services, il s'est enquis auprès de la police
et dans les bureaux militaires, ainsi qu'auprès des services de renseignements,
de l'endroit où se trouvait Nydia, mais sans résultat. Un membre du personnel
des Services du procureur général chargé d'examiner l'affaire lui a recommandé,
le 14 septembre 1987, d'envoyer au juge compétent le peu d'informations
qu'il avait pu obtenir pendant ses investigations.
2.4 Le 25 septembre 1987, l'affaire a été renvoyée au tribunal de première
instance No 53. Une audience préliminaire s'est tenue en novembre 1987.
Le 10 février 1988, le magistrat instructeur a suspendu la procédure et
renvoyé l'affaire au Corps technique de la police judiciaire (Cuerpo
Técnico de la Policía Judicial).
2.5 Entre-temps, le 12 septembre 1987, le corps d'une femme avait été
trouvé dans la municipalité de Guayabetal, Cundinamarca (Colombie). Le
certificat de décès, qui avait été établi avant que le corps eût été enterré
au cimetière de Guayabetal, précisait qu'il s'agissait d'une femme de
35 ans "portant une robe blanche à pois bleus, avec un sac à main
blanc, les yeux bandés et les mains liées, le visage mutilé". L'autopsie
a révélé que la victime avait été tuée d'une balle dans la tête. Rien
de plus n'a été fait pour identifier le corps. Le 14 septembre 1987, le
maire de Guayabetal a transmis le certificat de décès au magistrat instructeur
de la municipalité, lequel, le 8 octobre 1987, a commencé sa propre enquête.
2.6 Le 22 décembre 1987, le magistrat instructeur de Guayabetal a renvoyé
l'affaire à la section du Corps technique de la police judiciaire du district.
Le 30 juin 1988, le chef de l'Unité des enquêtes préliminaires de cet
organisme a ordonné d'entendre tous les témoins potentiels. Le 8 juillet
1988, il a en outre demandé au commandant de la police du district de
prendre toutes les dispositions nécessaires pour clarifier les événements
et pour identifier les coupables; deux agents de police ont alors été
chargés de mener les enquêtes appropriées. Le 17 août 1988, les deux officiers
de police ont déclaré au chef de l'Unité des enquêtes préliminaires qu'ils
"n'avaient pas réussi à retrouver les coupables ni à établir les
motifs de l'homicide, étant donné que l'endroit où le corps avait été
découvert était propice à ce type de méfait [...]". Ils ont également
déclaré qu'ils se trouvaient dans l'impossibilité d'établir l'identité
de la victime, puisqu'aucune empreinte digitale n'avait été relevée, et
ils ont conclu qu'à leur avis, les meurtriers et la victime venaient d'une
autre région, c'est-à-dire de Bogota ou de Villavivencio. L'examen de
l'affaire a alors été suspendu.
2.7 Au début de 1990, la famille de Nydia Bautista a appris l'existence
de la femme non identifiée enterrée à Guayabetal dont les caractéristiques
connues correspondaient à celles de Nydia. Après avoir été soumise à une
pression considérable de la part de la famille, la Division des recherches
spéciales des Services du procureur général a ordonné, le 16 mai 1990,
l'exhumation du corps, laquelle a été effectuée le 26 juillet 1990. La
soeur de Nydia a identifié les morceaux de tissu, le sac et une boucle
d'oreille et, le 11 septembre 1990, l'expert médical a confirmé que les
restes étaient bien ceux de Nydia Bautista.
2.8 Le 22 février 1991, un sergent de la vingtième brigade du Service
de renseignements et de contre-espionnage militaire a témoigné devant
le chef de la Division des recherches spéciales que Nydia Bautista avait
été enlevée et assassinée par des membres de la vingtième brigade, agissant
soit avec le consentement, soit sur l'ordre de leur officier supérieur,
un certain Alvaro Velandia Hurtado, alors colonel. Il a, en outre, révélé
que le sergent Ortega Araque conduisait la jeep et précisé que Nydia Bautista
avait été emprisonnée pendant deux jours dans une ferme avant d'être emmenée
à Quebradablanca où elle a été tuée.
2.9 Le père de Nydia Bautista a alors déposé une requête en sanctions
disciplinaires contre les personnes supposées responsables de la disparition
de sa fille. A ce jour, la famille de la victime ne sait toujours pas
si la Division des recherches spéciales, ou la Division des droits de
l'homme, ont engagé une procédure pénale ou disciplinaire dans cette affaire.
Il est mentionné, dans ce contexte, que le conseil de la famille a écrit
de nombreuses lettres au Ministre de la défense et au Procureur général
demandant des informations sur les résultats éventuels des investigations
et sur l'état de l'affaire devant les tribunaux. Le 29 janvier 1992, le
magistrat attaché aux services du procureur délégué aux droits de l'homme
a fait savoir que l'affaire avait été renvoyée au parquet compétent afin
de mener à bien les investigations. Le Secrétaire général du Ministère
de la défense a informé le conseil, le 3 février 1992, que l'affaire n'était
pas en cours d'examen devant les tribunaux militaires.
2.10 L'avocat soutient qu'à l'époque de la disparition de Nydia, sa famille,
précise-t-on, n'a pas pu déposer un recours en amparo, car, pour
pouvoir déposer une requête d'amparo, le pétitionnaire doit notamment
indiquer où et par qui la personne est détenue. Par la suite, la famille
s'est également trouvée dans l'impossibilité de se porter partie civile,
les magistrats instructeurs chargés de l'affaire l'ayant renvoyée au Corps
technique de la police judiciaire où elle a été laissée en suspens.
2.11 L'avocat se plaint de la négligence dont ont fait preuve les autorités
colombiennes dans le traitement de l'affaire de Nydia Bautista. Il souligne
qu'à aucun moment, les autorités n'ont correctement étudié les événements
et que la communication entre les diverses autorités en cause était médiocre
ou inexistante. Il fait remarquer qu'après que le chef de la Division
des recherches spéciales eut été dessaisi de l'affaire, celle-ci n'a donné
lieu à aucun suivi, en dépit de la déclaration du témoin susmentionné.
En outre, ces dernières années, la famille de Nydia a dû recourir à des
organisations non gouvernementales pour essayer de savoir si des mesures
quelconques avaient été prises pour punir les coupables. A ce propos,
il est précisé qu'en février 1992, une organisation non gouvernementale
a reçu une information selon laquelle l'affaire avait été rouverte, que
des procédures disciplinaires et pénales avaient été engagées contre le
colonel Alvaro Velandia Hurtado et que des investigations sur la participation
alléguée d'autres personnes avaient été entamées.
2.12 Enfin, il est précisé que la famille de Nydia et son conseil reçoivent
des menaces de mort à cause de leur insistance à poursuivre l'affaire.
Teneur de la plainte
3. Il est affirmé que les faits présentés représentent des violations
par la Colombie des articles 2, paragraphe 3; 6, paragraphe 1; 7 et 14
du Pacte.
Renseignements sur la recevabilité et observations communiqués
par l'Etat partie
4.1 L'Etat partie affirme que les autorités compétentes ont fait et font
tout leur possible pour traduire en justice les personnes présumées responsables
de la disparition de Nydia Erika Bautista. Il ajoute que les recours internes
disponibles n'ont pas été épuisés.
4.2 L'Etat partie résume l'état de la procédure disciplinaire comme suit
:
- Une procédure disciplinaire a été engagée tout d'abord par la Division
des recherches spéciales des Services du Procureur général (Procudaría
General). Celle-ci a chargé un membre de la police judiciaire (Policía
Judicial) de l'affaire. Les résultats des recherches que celui-ci
a faites ne se sont toutefois pas révélés concluants, et l'affaire a été
renvoyée devant les tribunaux ordinaires.
- En 1990, après la découverte du corps de la victime, la Division des
recherches spéciales a rouvert le dossier. Le 22 février 1991, elle a
recueilli la déposition de M. Garzón Garzón, qui était alors membre de
l'armée nationale colombienne; selon l'Etat partie ses déclarations n'ont
jamais pu être confirmées et on ignore actuellement où se trouve M. Garzón
Garzón / Le dossier révèle que M. Garzón Garzón a demandé
une protection spéciale de la police pour lui-même et sa famille après
avoir présenté son témoignage./.
- A la suite de cette déposition, la Division des recherches spéciales
a adressé trois communications à la soeur de Nydia Bautista, qui n'y a
pas répondu.
- Faute de preuves, la Division a alors décidé de classer l'affaire,
mais elle a néanmoins renvoyé le dossier à l'Office de la Déléguée nationale
aux droits de l'homme (Delegado para los Derechos Humanos), qui
l'examine actuellement en vue d'engager éventuellement une procédure disciplinaire
contre l'ex-colonel Alvaro Velandia Hurtado et le sergent Ortega Araque,
qui avaient été tous deux gravement mis en cause par M. Garzón Garzón.
4.3 L'Etat partie résume les différentes étapes de la procédure "administrative"
à laquelle a donné lieu l'affaire comme suit : Le 24 juillet 1992, la
famille de la victime a déposé un recours administratif contre le Ministère
de la défense nationale et engagé une action en dommages-intérêts devant
le tribunal administratif de Cundinamarca (dossier No 92D-8064), conformément
à l'article 86 du Code de procédure administrative (Código Contencioso
Administrativo). Ce recours a été déclaré recevable le 18 août 1992
et le défendeur a répondu oralement aux accusations portées contre lui
lors de l'audience, le 3 novembre 1992. Le 27 novembre 1992, le tribunal
administratif a ordonné la poursuite de l'enquête pour recueillir de nouveaux
éléments de preuve; selon l'Etat partie, cette enquête est toujours en
cours, plus de 18 mois après.
4.4 L'Etat partie réaffirme que des mesures ont été et continueront à
être prises pour lutter contre la pratique des disparitions forcées. Il
fait observer en particulier qu'il est actuellement envisagé d'adopter
une loi pour rendre ce délit punissable en vertu du Code pénal colombien.
Décision de recevabilité du Comité
5.1 A sa cinquante-deuxième session, le Comité a examiné la recevabilité
de la communication. En ce qui concerne l'épuisement des recours internes
disponibles il a noté qu'immédiatement après la disparition de Mme Bautista
son père avait porté plainte auprès de la Division des droits de l'homme
de l'Office du Procureur général. Récapitulant la chronologie des faits
après la découverte du corps de la victime et les activités des divers
organes judiciaires qui se sont occupés de cette affaire, le Comité a
noté que plus de sept ans après la disparition de la victime aucune procédure
pénale n'avait été engagée, et que les responsables de la disparition
de Mme Bautista n'avaient été ni identifiés, ni arrêtés, ni jugés. Le
Comité a estimé que ce retard dans la procédure judiciaire excédait des
délais "raisonnables" au sens du paragraphe 2 b) de l'article
5 du Protocole facultatif.
5.2 Le Comité a estimé que les allégations de l'auteur au titre des articles
6, 7 et 14 du Pacte ont été suffisamment étayées aux fins de la recevabilité,
et noté que les faits soumis au Comité semblaient aussi soulever des questions
au titre des articles 9 et 10.
5.3 Le 11 octobre 1994 le Comité a donc déclaré la communication recevable
dans la mesure où elle semblait soulever des questions au regard des articles
6, paragraphe 1, 7, 9, 10 et 14, paragraphe 3 c) du Pacte.
Renseignements et observations de l'Etat partie sur le fond et
commentaires de l'avocat à ce sujet
6.1 Dans ses observations initiales en vertu du paragraphe 2 de l'article
4 du Protocole facultatif, datées du 30 mai 1995, l'Etat partie fait observer
que les procédures dans cette affaire demeurent en suspens et prie le
Comité de tenir compte de cette situation dans l'adoption d'une décision
finale quelconque.
6.2 Pour ce qui est des mesures disciplinaires l'Etat partie indique
que le dossier contre MM. Velandia Hurtado et Ortega Araque est en suspens
sous le No 008-147452 devant la Déléguée nationale aux droits de l'homme.
La procédure formelle a été engagée le 3 mars 1994. Selon la Déléguée
nationale, l'affaire restait en cours au 17 avril 1995.
6.3. Pour ce qui est de la procédure pénale, l'Etat partie note que l'Office
du Procureur de Caqueza (Cundinamarca) (Unidad de Fiscalías de Caqueza)
s'était initialement occupé de l'affaire, sous l'autorité du procureur
Myriam Aida Saha Hurtado. Une enquête pénale officielle a été engagée
seulement par une décision du 17 mars 1995 (Resolución de Apertura
de la Instrucción) d'un procureur du district de Cundinamarca (Fiscal
Seccional 2a de la Unidad Delegada ante los Jueces
del Circuito de Caqueza (Cundinamarca), qui a estimé que le dossier
contenait des preuves suffisantes pour inculper M. Velandia Hurtado et
d'autres personnes. Cependant, par décision du 5 avril 1995 ce dossier,
qui comprenait 12 classeurs, a été transmis au secrétariat commun de la
Direction régionale du Procureur de Santa Fé de Bogota, qui a été considérée
comme compétente dans l'affaire.
6.4 Enfin, en ce qui concerne la procédure administrative engagée par
la famille de Nydia Bautista contre le Ministère de la défense, l'Etat
partie fait observer qu'elle est dans sa phase finale devant le tribunal
administratif de Cundinamarca. Après deux décisions de procédure prises
les 27 février et 4 avril 1995 ("... se decretaron pruebas de
oficio mediante autos del 27 de febrero y 4 de abril de 1995"),
la question est en attente du jugement.
6.5 Dans d'autres observations datées du 14 juillet 1995, l'Etat partie
a adressé des copies de la décision de la Déléguée nationale aux droits
de l'homme du 5 juillet 1995, ainsi que du jugement du tribunal administratif
de Cundinamarca du 22 juin 1995.
6.6 Les points saillants de la décision de la Déléguée nationale aux
droits de l'homme (intitulée "Resolución 13 de Julio 5 de 1995
mediante la cual se falla el proceso disciplinario 008-147452"),
après un rappel des faits et de la procédure du 3 mars 1994 au printemps
1995, sont les suivants :
- La Déléguée rejette l'argument avancé pour sa défense par le colonel
(aujourd'hui général de brigade) Velandia Hurtado selon lequel toute
mesure disciplinaire contre lui tombe sous la loi de prescription applicable,
et la Déléguée nationale n'est pas compétente pour connaître de l'affaire.
Les arguments similaires avancés pour sa défense par le sergent Ortega
Araque sont également rejetés.
- La Déléguée caractérise le phénomène des disparitions forcées en général
comme une violation des droits de l'homme les plus fondamentaux garantis
par les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, tels
que le droit à la vie et le droit à la liberté et à l'intégrité physique
personnelle, considérés comme faisant partie du jus cogens et/ou
du droit international coutumier.
- Sur la base des preuves qui lui ont été présentées la Déléguée considère
l'enlèvement et la détention consécutive de Nydia Bautista comme illégaux
("la captura de Nydia E. Bautista fue abiertamente ilegal por
cuanto no existía orden de captura en su contra y no fue sorprendida
en flagrancia cometiendo delito alguno").
- La disparition doit être imputée à des agents de l'Etat qui n'ont
pas signalé l'interpellation de la victime et le lieu où elle a été
emmenée, en dépit d'une enquête menée par les autorités militaires pour
retrouver Mme Bautista : "L'enlèvement de la victime n'a pas été
porté à l'attention d'une autorité quelconque et il n'est consigné sur
aucun registre" ("... sobre su retención no se informó
a ninguna autoridad y tampoco apareció registrada in ninqún libro").
- La Déléguée juge crédibles ... et au-delà d'un doute raisonnable les
preuves concernant la mort violente de Nydia Bautista après des mauvais
traitements, en particulier sur la base du rapport rédigé par le Bureau
des enquêtes spéciales (Oficina de Investigaciones Especiales)
après l'exhumation de sa dépouille (p. 18 et 20 de la décision).
- En dépit des contestations du témoignage de Bernardo Garzón Garzón
exprimées par MM. Velandia Hurtado et Ortega Araque, la Déléguée attache
pleinement foi à la déposition de M. Garzón Garzón faite le 22 février
1991 (p. 21 à 26 de la décision).
- La Déléguée rejette comme infondée l'allégation des défendeurs selon
laquelle la procédure disciplinaire ne répondait pas à toutes les exigences
d'une procédure régulière. En particulier, elle écarte l'argument avancé
par M. Velandia Hurtado pour sa défense selon lequel il n'aurait pas
donné l'ordre qui a entraîné la disparition et la mort de la victime
et ainsi ne saurait être tenu pour responsable. La Déléguée conclut
plutôt qu'en tant qu'officier de commandement responsable des activités
de renseignements et de contre-espionnage dans son unité M. Velandia
Hurtado "avait à la fois le devoir, le pouvoir et la possibilité
de prévenir ce crime contre l'humanité" ("... tenía al
deber, y poder y la oportunidad de evitar que se produjera este crimen
contra la humanidad").
- La Déléguée conclut que, du fait qu'il n'a pas pu empêcher la disparition
et l'assassinat de Nydia Bautista, M. Velandia Hurtado a violé ses droits
au regard des articles 2, 5, 11, 12, 16, 28, 29 et 30 de la Constitution
colombienne, des articles 3, 4, 6, 7 et 17 de la Convention américaine
des droits de l'homme et des articles 6, 9, 14 et 16 du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques. Par son action, M. Velandia
Hurtado a en outre failli à ses devoirs en tant que responsable militaire
et violé l'article 65, section B, alinéa a), et section F, alinéa a),
du Règlement de discipline militaire des Forces armées (Reglamento
Disciplinario para las Fuerzas Armadas).
- Des conclusions semblables sont formulées au sujet de la responsabilité
du sergent Ortega Araque. En particulier, la Déléguée rejette l'argument
cité pour sa défense par M. Ortega selon lequel il obéissait simplement
aux ordres d'un supérieur, parce que l'obéissance "ne saurait être
aveugle" ("la obediencia no puede ser ciega").
6.7 La Déléguée n'ayant pas relevé des circonstances atténuantes pour
les actes et les omissions de MM. Velandia Hurtado et Ortega Araque, elle
a demandé leur renvoi immédiat des forces armées. Cette décision a été
transmise au Ministre des forces armées.
6.8 Les principaux points soulignés dans le jugement du tribunal administratif
de Cundinamarca du 22 juin 1995 peuvent être résumés comme suit :
- Le tribunal estime que la plainte déposée par la famille de Nydia
Bautista est recevable dans sa forme. Il rejette l'argument du Ministère
de la défense selon lequel les accusations tombent sous le coup de la
loi de prescription applicable (cinq ans), étant donné que l'affaire concerne
non seulement la disparition de la victime, mais aussi les tortures qui
lui ont été infligées et sa mort; sur ce dernier point il ne pouvait y
avoir de certitude qu'après l'exhumation du corps en juillet 1990.
- Le tribunal estime établi que Nydia Bautista a été enlevée le 30 août
1987 et qu'elle a été ensuite torturée et assassinée. Il conclut que
les preuves qui lui ont été soumises démontrent clairement la responsabilité
des forces armées dans les faits qui ont abouti au décès de la victime.
Il est fait mention dans ce contexte de la procédure en cours devant
la Déléguée nationale aux droits de l'homme.
- Comme la Déléguée nationale aux droits de l'homme, le tribunal attache
pleinement foi à la déposition faite par M. Garzón Garzón le 22 février
1991, qui corrobore dans tous ses points essentiels les allégations
présentées par la famille de Nydia Bautista depuis août 1987 (p. 9 à
12 du jugement); cela concerne par exemple la marque et la plaque d'immatriculation
de la jeep dans laquelle Nydia Bautista a été enlevée. Le tribunal note
que M. Garzón Garzón a demandé la protection de la police pour lui-même
et sa famille après sa déposition.
- Le tribunal conclut que les autorités de l'Etat partie impliquées
dans la disparition illégale et le décès de la victime sont entièrement
responsables. En conséquence, il accorde l'équivalent de 1 000 grammes
d'or aux deux parents, au mari et au fils de Nydia Bautista et l'équivalent
de 500 grammes à sa soeur. Il demande en outre au Ministère de la défense
de verser au total 1 575 888,20 pesos, plus l'intérêt et l'ajustement
pour l'inflation, au fils de Nydia Bautista pour le préjudice moral
subi.
6.9 Sous couvert d'une note datée du 2 octobre 1995, l'Etat partie transmet
le texte du décret présidentiel No 1504 daté du 11 septembre 1995, qui
stipule que M. Velandia Hurtado est renvoyé des forces armées avec effet
immédiat. Dans un communiqué de presse explicatif il est noté que la possibilité
est ouverte à M. Velandia Hurtado de contester ce décret ou de prendre
toute initiative qu'il jugera appropriée devant le tribunal administratif
compétent.
7.1 Dans ses commentaires initiaux, l'avocat note que M. Velandia Hurtado
a tenté de contester la compétence de la Déléguée nationale aux droits
de l'homme qui s'est occupée de l'affaire, Mme Valencia Villa, en mars
1995, et a cherché à intenter une action pénale contre elle, probablement
pour diffamation. Sur la base d'informations récentes concernant d'autres
cas d'intimidation de la soeur de Nydia Bautista par les agents des services
de renseignements militaires, l'avocat se déclare préoccupé au sujet de
l'intégrité physique de la Déléguée nationale aux droits de l'homme.
7.2 Dans de nouveaux commentaires datés du 27 juillet 1995, l'avocat
note que les efforts faits pour notifier la résolution No 13 du 5 juillet
1995 personnellement à M. Velandia Hurtado ou à M. Ortega Araque ont échoué
jusqu'ici, étant donné que ni eux-mêmes ni leurs avocats n'ont répondu
à la convocation envoyée par le Ministère de la défense. Face à cette
situation l'Office de la Déléguée nationale aux droits de l'homme a envoyé
la notification par lettre recommandée, en demandant au Ministère de la
défense de se conformer à la loi et de respecter les termes de la résolution
No 13. M. Velandia Hurtado a de son côté présenté une demande de protection
de ses droits constitutionnels (acción de tutela) auprès du tribunal
supérieur de Cundinamarca, pour le motif que les garanties d'une procédure
régulière n'auraient pas été respectées à son égard. L'avocat ajoute que
la famille de Nydia Bautista et en particulier sa soeur continuent à faire
l'objet d'actes d'intimidation et de harcèlement. Dans ce contexte il
signale que le premier avocat de la famille, A. de Jesus Pedraza Becerra,
a disparu à Bogota le 4 juillet 1990, disparition qui a été condamnée
par la Commission interaméricaine des droits de l'homme, saisie de l'affaire
/Affaire No 10581./.
7.3 L'avocat accuse réception du jugement du tribunal administratif de
Cundinamarca en date du 22 juin 1995 et note que ce jugement, avec la
résolution No 13 transmise par la Déléguée nationale aux droits de l'homme,
constitue une preuve irréfutable de la responsabilité des agents de l'Etat
dans la disparition et ultérieurement la mort de Nydia Bautista.
7.4 En ce qui concerne l'avancement de l'enquête pénale, l'avocat note
que l'affaire reste confiée à la Direction régionale des procureurs de
Santafé de Bogota, où elle a été attribuée à un des services - récemment
créés - s'occupant des droits de l'homme au sein de l'Office du Procureur
général. Selon l'avocat, ces services ne fonctionnent pas encore - ainsi,
lorsque la famille de Nydia Bautista a cherché à obtenir des renseignements
sur l'avancement de la procédure pénale elle a appris que le bâtiment
où ces services devaient s'installer était encore inoccupé. L'avocat ajoute
que, conformément à l'article 324 du Code de procédure pénale de la Colombie,
une enquête préliminaire doit être engagée lorsque l'identité des auteurs
présumés d'un délit pénal est connue, et qu'après une mise en examen une
enquête officielle doit commencer dans un délai de deux mois. Dans l'affaire
présente, étant donné que l'identité des responsables de la disparition
et de la mort de Nydia Bautista a été connue au plus tard après la déposition
de M. Garzón Garzón le 22 février 1991, l'avocat conclut que les dispositions
de l'article 324 n'ont pas été respectées.
7.5 Dans ce dernier contexte, l'avocat souligne une fois de plus ce qui
lui apparaît comme une négligence et des retards inacceptables dans l'enquête
pénale. Une fois au moins, le 30 juin 1992, le bureau du magistrat instructeur
94 (Juzgado 94 de Instrucción Criminal) a ordonné la clôture de
l'enquête, en dépit de la déposition de M. Garzón Garzón. Ce magistrat
a justifié sa décision en invoquant la loi No 23 de 1991 ("Ley
de Decongestión de Despachos Judiciales"), dont l'article 118
prévoit la clôture des enquêtes préliminaires lorsqu'il n'y a pas d'identification
de suspect au bout de deux ans. L'avocat note que cette décision n'a pas
de base dans la réalité, étant donné les preuves apportées par M. Garzón
Garzón. L'avocat conclut que près de huit ans ont passé depuis la date
- le 5 novembre 1987 - à laquelle la juridiction d'instruction 53 (Juzgado
53 de Instrucción Criminal) a ouvert une enquête pénale préliminaire
(Indagación Preliminar No. 280). Pendant une période de près de
huit ans, le renvoi de MM. Velandia Hurtado et Ortega Araque a constitué
la première véritable sanction, mais cette sanction n'est toujours pas
appliquée.
7.6 Par une lettre du 29 août 1995, l'avocat explique que le gouvernement
de l'Etat partie continue de temporiser dans l'exécution de l'ordre de
renvoi de l'armée prononcé contre M. Velandia Hurtado. Ce dernier a même
fait appel contre la décision de la Déléguée nationale aux droits de l'homme
de notifier la décision du 5 juillet 1995 par lettre recommandée (Acción
de tutela, voir par. 7.2 ci-dessus). Le 2 août 1995, le tribunal administratif
de Cundinamarca s'est prononcé en sa faveur, pour le motif que le mode
de notification choisi par l'Office de la Déléguée nationale aux droits
de l'homme aurait été illégal. Le tribunal a ordonné à l'Office de communiquer
la résolution No 13 personnellement à M. Velandia Hurtado.
7.7 Du fait de cette décision du tribunal administratif, selon l'avocat,
la résolution No 13 du 5 juillet 1995 ne peut pas être appliquée. Etant
donné que le cadavre de Nydia Bautista a été retrouvé le 26 juillet 1990,
et conformément à la procédure disciplinaire applicable, une loi de prescription
de cinq ans est applicable à partir du jour de l'"acte final constitutif
du délit" ("último acto constitutivo de la falta"
- loi No 24 de 1975, art. 12), et il est à présent vraisemblable que l'affaire
sera classée au motif de prescription des délits imputés à MM. Velandia
Hurtado et Ortega Araque.
7.8 L'avocat note également que loin d'ordonner le renvoi des forces
armées de M. Velandia Hurtado, les autorités l'ont promu au grade de général
de brigade et pendant la première semaine d'août 1995 elles l'ont décoré
de l'ordre du mérite militaire "José Maria Cordova" - décoration
attribuée en vertu d'un décret signé par le Président de la République.
Cette récompense, selon l'avocat, constitue un défi vis-à-vis des organes
judiciaires colombiens et une approbation des activités passées de M.
Velandia Hurtado. En bref, elle ne peut être interprétée que dans le sens
que l'exécutif colombien est prêt à tolérer et à laisser impunies même
des violations graves des droits de l'homme. Cette attitude aurait été
confirmée par le "Défenseur du peuple" dans son deuxième rapport
au Congrès de Colombie, où il formule la critique que ceux qui violent
les droits de l'homme en Colombie peuvent compter sur une impunité totale.
7.9 Enfin, l'avocat mentionne un incident survenu le 31 août 1995, qui
à son avis confirme que rien n'est fait, ni ne sera fait, pour traduire
en justice les responsables de la mort de Nydia Bautista. Ce jour-là,
la famille de Mme Bautista et des membres de l'Association des familles
de détenus disparus (ASFADDES) se sont réunis dans un restaurant populaire
de Bogota pour manifester à l'occasion du huitième anniversaire de la
disparition de Nydia. Peu après leur arrivée un individu en civil est
entré dans le restaurant et a occupé une table voisine de la leur. Tous
ceux qui étaient présents ont identifié le général de brigade Velandia
Hurtado, qui a continué à surveiller le groupe tout au long de la réunion.
La présence de M. Velandia Hurtado, qui par ailleurs commande la troisième
brigade de l'armée à Cali, en ce lieu et en ce jour particuliers, apparaît
comme un autre exemple d'intimidation de la famille de Nydia Bautista.
Examen quant au fond
8.1 Le Comité des droits de l'homme a examiné la présente communication
sur la base des informations qui lui avaient été soumises par les parties,
conformément au paragraphe 1 de l'article 5 du Protocole facultatif.
8.2 Dans ses observations du 14 juillet 1995, l'Etat partie indique que
la résolution No 13 du 5 juillet 1995 prononçait des sanctions disciplinaires
contre MM. Velandia Hurtado et Ortega Araque, et que le jugement du tribunal
administratif de Cundinamarca en date du 22 juin 1995 faisait droit à
la demande d'indemnisation présentée par la famille de Nydia Bautista.
L'Etat partie réaffirme également son désir de garantir pleinement l'exercice
des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Ces observations
sembleraient indiquer que pour l'Etat partie les décisions qui précèdent
constituent une réparation effective pour la famille de Nydia Bautista.
Le Comité ne partage pas ce point de vue parce qu'on ne saurait considérer
que des recours disciplinaires et administratifs constituent des recours
adéquats et utiles au sens du paragraphe 3 de l'article 2 du Pacte en
cas de violation particulièrement grave des droits de l'homme, notamment
en cas de violation présumée du droit à la vie.
8.3 En ce qui concerne la violation présumée du paragraphe 1 de l'article
6, le Comité rappelle son observation générale 6 (16) sur l'article 6,
où il est dit notamment que les Etats parties devraient prendre des mesures
spécifiques et efficaces pour empêcher la disparition d'individus et créer
des moyens et des procédures efficaces pour enquêter à fond, par le biais
d'un organe approprié et impartial, sur les cas de personnes manquantes
et disparues dans des circonstances qui peuvent impliquer une violation
du droit à la vie. Dans le cas présent, le Comité note qu'aussi bien la
résolution No 13 de la Déléguée nationale aux droits de l'homme, du 5
juillet 1995, que le jugement du tribunal administratif de Cundinamarca
du 22 juin 1995 établissent clairement la responsabilité d'agents de l'Etat
dans la disparition et ultérieurement la mort de Nydia Bautista. Le Comité
conclut donc que dans ces circonstances l'Etat partie est directement
responsable de la disparition et ensuite de l'assassinat de Nydia E. Bautista
de Arellana.
8.4 En ce qui concerne l'allégation relevant de l'article 7, le Comité
a noté les conclusions figurant dans la résolution No 13 du 5 juillet
1995 et dans le jugement du tribunal administratif de Cundinamarca du
22 juin 1995 selon lesquelles Nydia Bautista a été torturée avant son
assassinat. Etant donné les conclusions formulées dans ces décisions et
les circonstances de l'enlèvement de Mme Bautista, le Comité conclut que
Nydia Bautista a été torturée après sa disparition en violation de l'article
7.
8.5 L'auteur a allégué une violation de l'article 9. Dans les deux décisions
précédemment mentionnées il a été conclu que l'enlèvement et ensuite la
détention de Nydia Bautista ont été "illégales" (voir par. 6.6
et 6.8 ci-dessus), étant donné qu'aucun mandat d'arrêt n'avait été délivré
et qu'on n'a eu aucune connaissance d'accusations formelles contre elle.
Il y a donc eu violation du paragraphe 1 de l'article 9.
8.6 L'auteur a enfin prétendu qu'il y avait une violation de l'article
14, paragraphe 3 c), en raison du retard excessif de la procédure pénale
engagée contre les responsables de la mort de Nydia Bautista. Comme le
Comité l'a affirmé de manière répétée, le Pacte ne prévoit pas un droit
pour les individus de demander que l'Etat engage des poursuites pénales
contre un tiers / Voir les décisions sur les communications
No 213/1986 (H.C.M.A. c. Pays-Bas), adoptée le 30 mars 1989,
par. 11.6; No 275/1988 (S.E. c. Argentine), adoptée le 26
mars 1990, par. 5.5; Nos 343-345/1988 (R.A., V.N. et consorts c.
Argentine), adoptées le 26 mars 1990, par. 5.5./. Le Comité considère
néanmoins que l'Etat partie a le devoir d'enquêter de manière approfondie
sur les allégations de violations des droits de l'homme, et en particulier
sur les disparitions forcées de personnes et les violations du droit à
la vie, et d'engager des poursuites pénales contre les responsables de
ces violations et de les juger et de les châtier. Ce devoir s'applique
à fortiori aux affaires dans lesquelles les auteurs de telles violations
ont été identifiés.
9. Le Comité des droits de l'homme, agissant en vertu du paragraphe 4
de l'article 5 du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international
relatif aux droits civils et politiques, estime que les faits dont il
est saisi font apparaître une violation par l'Etat partie des articles
6, paragraphe 1, 7, et 9, paragraphe 1, du Pacte.
10. En vertu du paragraphe 3 de l'article 2 du Pacte, l'Etat partie est
tenu d'assurer à la famille de Nydia Bautista une réparation appropriée,
y compris une indemnisation et une protection appropriée des membres de
cette famille contre tout harcèlement. A ce propos le Comité exprime sa
satisfaction au sujet du contenu de la résolution 13 adoptée par la Déléguée
nationale aux droits de l'homme le 5 juillet 1995 et du jugement du tribunal
administratif de Cundinamarca en date du 22 juin 1995, qui donne une indication
de l'ampleur du dédommagement qui serait approprié dans cette affaire.
De plus, bien que le Comité prenne également acte avec satisfaction de
la promulgation du décret présidentiel No 1504 du 11 septembre 1995, il
prie instamment l'Etat partie d'accélérer la procédure pénale aboutissant
à des poursuites et à une condamnation rapide des personnes considérées
comme responsables de l'enlèvement, des tortures et de la mort de Nydia
Bautista. L'Etat partie est aussi tenu de veiller à ce que des faits semblables
ne se répètent pas.
11. Compte tenu du fait qu'en devenant partie au Protocole facultatif,
l'Etat partie a reconnu la compétence du Comité à déterminer s'il y a
eu violation du Pacte et que, conformément à l'article 2 du Pacte, l'Etat
partie s'est engagé à respecter et à garantir à tous les individus se
trouvant sur leur territoire et relevant de sa compétence les droits reconnus
dans le Pacte et à garantir un recours utile en cas de violation de ces
droits, le Comité souhaite recevoir de l'Etat partie, dans les 90 jours,
des informations sur les mesures qu'il aura prises pour donner effet à
ses constatations.
[Texte adopté en anglais, espagnol et français, le texte anglais étant
la version originale. Sera publié ultérieurement en arabe, chinois et
russe dans le cadre du rapport annuel du Comité à l'Assemblée générale.]